" Regards
croisés en 1905 sur la loi de Séparations des Eglises
et de l'Etat. "
(
Colloque SOREZE)
Tel était le titre de ce colloque,
présidé par René REMOND.
Pas moins de 17 communications présidées par des personnalités
intellectuelles reconnues et représentant différents courants
représentatifs de sensibilités.
Ce colloque s'est déroulé dans un climat de grande sérénité et
de grande honnêteté intellectuelle.
Objet de controverse, les questions abordées ont été traitées
avec la plus grande objectivité, et tous les points de vue ont été évoqués.
La richesse de ce colloque a, été de démontrer entre
autres, que la loi de séparation n'a été que le processus
d'une résultante entamé depuis plusieurs siècles, et
que le chemin parcouru par l'idée de séparation aboutissait
inéluctablement au projet politique de séparation concrète.
Ce long processus entamé depuis la fin du 16ème siècle
et surtout avec la Révolution française, où l'Etat reprend à son
compte l'Etat civil, institue la mariage civil, le divorce, s'achève
par la loi de séparation qui couronne la séparation de la raison
et de la foi, les sciences des dogmes, l'autorité à la subordination.
Si cette loi est une loi de rupture plus ou moins bien acceptée selon
les milieux sociologiques, elle marque la double indépendance Etat
/ culte et culte / Etat, marquant en cela la double incompétence de
l'Etat en matière religieuse et des Eglises en matière politique.
Loi de rupture dans son caractère unilatéral, mais loi d'apaisement
dans son application, elle ouvre une nouvelle page d'histoire dans les relations
Eglises / Etat. La loi de 1923 qui établit un modus vivendi garantit
que les associations cultuelles ne se constitueront pas en dehors des institutions.
Si la Séparation ne divise plus, c'est sans doute parce que les Français
en ont une lecture différente au travers du concept de laïcité.
Dans une enquête scientifique, Martine Barthélémy montre
que la laïcité recueille 89% d'opinions positives alors que le
religieux est jugé positivement par 62% de la population.
Cependant, 68% de la population estime que la laïcité, valeur
fondamentale, est menacée tant par l'Islam que par l'Eglise catholique.
Une typologie des laïques laisse apparaître un intérêt
certain au niveau des adultes, à divers degrés suivant le niveau
culturel, l'âge, la proximité d'une religion, l'orientation
politique ou philosophique. Cependant, elle met en lumière un retrait
de la laïcité chez les jeunes qui inclinent davantage vers le
multiculturalisme lequel conduit au communautarisme, adversaire de la notion
de République qui se veut unificatrice.
En conclusion de cette brève présentation, et puisque le principe
de laïcité est inclus dans le préambule de la Constitution
française, je citerai René Rémond : « La
devise de la République pourrait bien être : Liberté,
Egalité, Fraternité, Laïcité ».